Programme Volont’R – bilan de l’année écoulée

Le contexte

Le 26 octobre 2018 lors de la première journée de mobilisation en faveur de l’intégration des personnes réfugiées organisée par la Diair au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam – Paris) et en présence de Messieurs Laurent Nunez, secrétaire d’Etat auprès du Ministre de l’Intérieur, et Gabriel Attal, secrétaire d’Etat auprès du Ministre de l’Education nationale et de la Jeunesse, la Délégation interministérielle pour l’accueil et l’intégration des réfugiés (Diair) et l’Agence du service civique ont lancé le Grand programme de service civique « Volont’R ». 
Inscrit dans la Stratégie nationale en faveur de l’accueil et de l’intégration des réfugiés, ce dispositif à l’initiative de la Diair repose sur une double proposition pour 2019 : permettre à 1500 jeunes citoyens de 18 à 25 ans de s’engager dans une mission de service civique en faveur des réfugiés et intégrer 500 jeunes réfugiés en missions de service civique adaptées à leur situation.

Lancé fin 2018, un appel à projets national a permis de sélectionner mi-février 4 opérateurs pour 3 projets d’accompagnement des réfugiés en missions de service civique. 

Les 3 lauréats retenus au titre de cet appel à projets sont :
– La Ligue de l’enseignement
– Unis cité
– Concordia / Solidarités jeunesse

L'expérimentation dans le Rhône

Notre objectif était d’accueillir 12 jeunes réfugiés en service civique.
Les missions se déroulent dans notre réseau d’associations affiliées et dans le cadre de partenariat notamment avec Animafac, soutien national pour le projet de la Ligue de l’enseignement.

 Réunions d’informations collectives et rencontres individuelles

Les jeunes orientés par l’Université Lyon 3 via la programme FAIRE, les missions locales,
Forum Réfugiés et surtout via le bouche à oreille.

Afin d’informer les jeunes intéressés sur le dispositif, nous avons organisé 11 réunions d’information et 7 rendez-vous individuels. En tout, 31 jeunes ont été reçus.

Sur les 31 jeunes, 12 ont donc été sélectionnés pour mener une mission de service civique. 
Concernant les 19 autres personnes informées, les raisons pour lesquelles la mission de
service civique n’a pas abouti sont diverses : plus de missions disponibles, le service civique ne correspondait pas, non éligibles au dispositif, désistements, entrée en formation ou encore problématique personnelle. 

Le profil des jeunes accueillis

Une grande majorité de jeunes âgés de 21 à 25 ans (83%) avec une prédominance de volontaires entre 23 et 25 ans. 17% des jeunes avaient entre 18 et 20 ans. 

Contrairement à la tendance nationale, dans le cadre du programme Volont’R de la FOL69, une grande majorité d’hommes est mobilisée en service civique : 75% d’hommes et 25% de femmes. 

Les volontaires engagés à la FOL69 viennent de six pays différents : Syrie, Soudan, Burundi, Ethiopie, Ukraine et Yémen. La majorité des jeunes (7 au total) venaient de Syrie et du Soudan. 

Une grande majorité de jeunes bacheliers notamment de par le partenariat avec l’Université Lyon 3. Les jeunes ont obtenu, pour la plupart d’entre eux, leur bac dans leur pays et ont demandé une équivalence en France.
La grande majorité des volontaires a passé son CIR avant son service civique. Deux de nos volontaires ont débuté leur service civique en parallèle des cours de FLE dispensés dans le cadre du CIR.

 

Les missions proposées

Les missions proposées recouvrent différentes thématiques : sport (1), éducation pour tous (3), environnement (1), culture et loisirs (5) et solidarité (2).

Quelques exemples de missions proposées :
– Appui à la mise en place d’animation pour des personnes âgées et lien intergénérationnel au sein d’une résidence autonomie sénior gérée par le CCAS de la Ville de Lyon
– Appui à la mise en place d’activités sportives et de rencontres multi-sports pour des enfants en écoles primaires avec l’USEP
– Appui au reconditionnement d’ordinateurs et à l’animation d’ateliers autour du numérique au sein de l’association Weeefund
– Appui à l’organisation et l’animation d’ateliers de couture regroupant locaux et nouveaux arrivants avec le Tissu Solidaire
– Appui à la mise en place d’animation et d’ateliers créatifs à destination d’enfants et de parents au sein de l’association Les Enfants du Tarmac
– Appui au fonctionnement d’un traiteur solidaire et à la mise en place d’ateliers favorisant la participation des habitants avec Cannelle & Piment

Les motivations à s’engager en service civique

La première motivation à s’engager en service civique pour les jeunes du programme Volont’R est d’améliorer leur français et de pratiquer la langue au quotidien avec des francophones.
En complément des cours de français suivis dans le cadre du CIR ou au sein d’associations,  les jeunes voient le service civique comme un moyen de pratiquer au quotidien le français et ainsi de faciliter leur intégration dans leur nouvelle société d’accueil mais aussi de favoriser leur entrée en formation ou leur insertion professionnelle.
La compréhension de ce qu’est le service civique n’est pas simple de premier abord. Entre travail et formation, les jeunes qui s’intéressent au service civique ne savent pas trop comment le définir.
La découverte de l’engagement, du fonctionnement d’une association, du lien avec le public vient plus tard, une fois la mission commencée.

Accompagnement à la mission

Durée des missions
La moyenne des missions contractualisées est de 7,6 mois. Cependant, en raison de la situation sanitaire, trois missions de service civique qui auraient dû démarrer au 15 mars, ont dû être repoussées, les structures ayant cessé toutes activités avec le confinement.
Lors du déconfinement, deux missions ont pu démarrer les 1er et 15 juin 2020. Cependant, un contrat n’a pas pu reprendre car la volontaire a eu 26 ans lors du confinement et l’Agence du Service Civique n’a pas été en mesure de donner une dérogation.
Au moment du déconfinement, une jeune a souhaité mettre fin à son contrat de manière anticipée afin de se concentrer sur sa recherche de formation professionnelle.
La situation sanitaire, qui a renforcé une pression familiale, a fortement impacté ce choix.

Le suivi des missions
Chaque jeune engagé en service civique a eu à minima trois rendez-vous de suivi organisés en lien avec le tuteur. Le confinement nous a poussés à organiser ces temps de suivi en
visioconférence et/ou par téléphone.
Certains jeunes ont vu leur mission de service civique fortement impactée par la situation sanitaire actuelle. La grande majorité des volontaires a eu sa mission totalement suspendue pendant le confinement et un jeune n’a pas pu reprendre sa mission après le 11 mai en raison de la fermeture de la structure jusqu’au mois de septembre.

L’accompagnement des tuteurs
Les tuteurs ont été invités à participer à des temps de formation et deux s’étaient inscrits à la formation proposée par la DRDJSCS et la Fondation Henri Bergeret mais qui a dû être
annulée en raison de la situation sanitaire.
Nous n’avons pas pu organiser de temps de formation spécifique en lien avec la particularité du public mais c’est un axe que nous souhaitons développer particulièrement pour le renouvellement du programme.

Les formations et ateliers, rencontres et moments conviviaux

Les formations civiques et citoyennes : 
Tous les jeunes engagés dans le programme Volont’R ont participé à deux jours de formation civique et citoyenne. Ils étaient mélangés avec d’autres jeunes volontaires du réseau et/ou de structures externes.
Le choix a, parfois, été fait d’attendre au-delà des trois mois recommandés afin de permettre aux jeunes de renforcer leur maitrise du français et de mieux se saisir de ces temps d’échanges.
Le passage du PSC1 n’a pas toujours été simple pour les volontaires du programme. En effet, deux jeunes se sont vus refuser l’attestation de PSC1 en raison de leur difficulté à comprendre les informations données lors de la formation. A noter que ce module a lieu après le confinement et que la pratique était peu présente en raison de la nécessité de respecter les gestes barrières.
Toutefois, cela interroge sur l’accessibilité de cette formation au public maitrisant peu la langue française. Le formateur nous a recommandé de préparer le vocabulaire lié au PSC1 en amont de la formation, lors d’un atelier de français.

Les ateliers de français : 
Nous avons fait le choix de proposer des ateliers de français en rémunérant une structure et/ou une personne. Au départ, nous devions travailler en lien avec l’association Eris qui n’a
finalement pas pu réaliser ces ateliers en raison de grosses difficultés financières.
La recherche d’un formateur n’a pas été aisée. Nous avons finalement proposé cette mission à une formatrice de notre réseau qui a proposé des ateliers de français en utilisant le jeu.
Ces ateliers ont beaucoup plu aux volontaires qui ont trouvé que le jeu permettait de décomplexer l’usage du français et facilitait la prise de confiance en soi.
Ces ateliers se sont toutefois arrêtés pendant le confinement et n’ont pas pu reprendre en raison de l’indisponibilité de la formatrice.
Nous avons mobilisé sur le mois de juillet des bénévoles pour animer des ateliers sociolinguistiques afin de proposer une alternative aux volontaires toujours en mission ou ayant terminé leur mission en fonction de leur souhait et disponibilité.

L’accompagnement au projet d’avenir
Lors des rendez-vous de suivi, nous proposions un temps dédié à l’accompagnement au projet d’avenir.
Nous avons également créé un atelier accessible à l’ensemble des volontaires pour valoriser les compétences développées dans le cadre du service civique et s’entrainer à présenter son expérience à l’oral.
Ces ateliers, qui devaient avoir lieu à 2 mois de la fin de mission, n’ont pas pu avoir lieu en raison de la situation sanitaire actuelle mais ont été proposés à ceux qui le souhaitaient en visioconférence.
Des temps d’accompagnement individuels en fonction des besoins ont également été proposés et le lien avec les missions locales et Forum Réfugiés a été renforcé afin d’assurer le suivi des jeunes engagés. Le suivi des jeunes orientés par l’Université Lyon 3 s’est également mis en place par téléphone et par échanges de mail. Un événement de fin d’année devait avoir lieu, il a été annulé en raison de la situation sanitaire.
Deux volontaires ont intégré l’Institut de l’Engagement bénéficiant ainsi d’un accompagnement d’un an sur leur projet respectif.
Par ailleurs, nous avons été sollicitées à plusieurs reprises par les volontaires pour un accompagnement sur des problématiques sociales notamment sur le remplissage de dossiers administratifs (APL, sécurité sociale, demande de logement, assurance habitation etc…).

Les rencontres et moments conviviaux
Nous avons commencé à la fin de l’année 2019 des moments conviviaux rassemblant anciens et nouveaux volontaires.
Deux temps ont été organisés auxquels quelques volontaires réfugiés ont participé.
Sur proposition de la DDCS, nous avons également participé à une visite dans le cadre de la biennale des arts contemporains fin 2019. Deux jeunes y ont participé et ont trouvé la proposition intéressante malgré la difficulté de comprendre l’ensemble des éléments donnés par la guide.
Cinq volontaires ont aussi participé à la journée nationale du programme Volont’R organisée à Paris. Cette expérience reste, pour beaucoup d’entre eux, l’un des meilleurs souvenirs de leur engagement en service civique.

Quelques témoignages...

Raoof en mission à Cannelle & Piment : « Ma mission à Cannelle & Piment a été une expérience inoubliable. J’ai pu bien comprendre la solidarité. Je me suis considéré comme chez moi avec ma famille. Je suis satisfait de ma mission et content d’avoir fait cette mission de service civique avec la Ligue de l’enseignement« 

Abdel en mission à Weeefund :  » Weeefund est une association qui m’a appris beaucoup de chose que je ne connaissais pas avant et grâce à l’équipe, j’ai pu dépanner des gens à distance, connaitre le fonctionnement d’un ordinateur et d’une association. Je reviendrai en tant que bénévole à Weeefund!« 

Legeze en mission à l’USEP : « Mon expérience de service civique m’a apporté une expérience dans le sport, dans le coaching, ce que je souhaite faire professionnellement. Mon français a un peu progressé grâce à l’équipe de l’USEP et c’est très bien« 

Alex en mission au journal Tout va bien : « Mon service civique était très intéressant, c’était une bonne expérience. Cela m’a permis de changer mon regard, d’avoir une vision du monde plus positive. Je suis moins timide et j’ai pris plus confiance en moi notamment pour pratiquer le français. »

Emma en mission au CCAS : « Mon expérience en résidence sénior s’est bien passée, j’ai progressé en français notamment à l’oral. Je suis devenue plus autonome en préparant des activités seules et en proposant des sorties aux résidents. »

Jumana en mission chez EcoSila : « C’était une expérience incroyable et très utile qui m’a aidée à développer mes compétences en français, en communication et la confiance en moi » 

Jimmy en mission à la FOL69 : « Je suis content de mon service civique, j’ai pu améliorer mon français pour discuter et écrire. On prenait des nouvelles de moi pendant le confinement. J’ai aussi rencontré plein de réfugiés avec qui je suis en contact ! » 

Zakari en mission à Gones Force 6 : « Le service civique s’est très bien passé. J’ai appris beaucoup de choses : j’ai découvert le théâtre, des danses différentes de celles du Burundi et le vivre en commun. J’ai le sentiment que mon niveau de français s’est amélioré à l’oral et à l’écrit » 

Omer en mission au PLO / SEELO : « Pendant le service civique, j’ai rencontré d’autres personnes, j’ai pu discuter avec les autres et prendre confiance en moi. J’ai appris à adapter ma posture avec les enfants, à réagir face à différentes personnalités, à travailler / être en lien avec le public pas seulement pour l’argent mais pour le plaisir d’aider.«